Ce qui arrivera en 2050
TOUT DÉPENDRA DE CE QUE NOUS FERONS D’ICI LÀ OU NON
PAR BRUNO DETUNCQ ET MARTIN LEMMENS
La question est simple. La réponse l’est moins parce qu’elle repose sur des éléments connus grâce aux nombreuses études des scientifiques au cours des dernières décennies et particulièrement de la dernière. D’autre part, les études en cours sur certains phénomènes ne permettent pas encore de connaître précisément ce qu’il adviendra. Enfin, une partie de la réponse dépend de ce que nous ferons ou non. Si les pays respectent les engagements pris lors du sommet de Paris en décembre 2015, les impacts des changements climatiques seront nettement moindres en 2050 que si nous ne faisons rien ou peu. Ce que nous présentons ici n’est qu’un survol de certains éléments importants pour nous amener à réfléchir sur l’importance de faire la transition des énergies fossiles aux énergies renouvelables.
1. CE QUE NOUS SAVONS DÉJÀ EST QUE D’ICI 2050
1.1 LE RÉCHAUFFEMENT DU CLIMAT VA SE POURSUIVRE
Durant la dernière décennie, 2010 à 2019, le monde a été témoin des 8 années les plus chaudes depuis que ces données sont recueillies, soit une période de 125 ans. Ce réchauffement se poursuivra tant ici au Québec qu’ailleurs. Les évènements et catastrophes climatiques seront plus fréquents et intenses. L’illustration 1 montre clairement que les régions du globe plus au nord (haut de l’illustration) ont vu la température augmenter d’en moyenne 2o Celsius durant les 50 dernières années, alors qu’ailleurs l’augmentation est moindre. De plus, on y voit que la température des océans a augmenté de façon moindre que celle des continents. Cette illustration ne le montre pas, mais l’Arctique connaît déjà une augmentation de près de 4 degrés Celsius.
Le réchauffement va se poursuivre à mesure que la glace dans l’Arctique fondra, nous verrons plus loin pourquoi. Notons toutefois que son ampleur, en 2050, sera directement reliée à la quantité d’émissions de GES que nous émettrons au cours des prochaines années.
La carte 2030-2039 (illustration 2) montre les zones qui pourraient connaître des conditions de sécheresse. Elle est basée sur l’hypothèse que nos émissions de GES continueront à augmenter. Sur cette carte, les couleurs rouge ou violet indiquent des possibilités d’une sécheresse extrême. Nous pourrions nous réjouir au Québec d’être préservé de cette menace. Toutefois quand on voit que l’Amazonie (forêts tropicales qui jouent un rôle majeur dans la captation du CO2) serait touchée de même qu’une grande partie de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud, une partie importante des États-Unis, l’Australie, les régions bordant la Méditerranée ainsi que l’Asie du Sud-Est incluant une partie de la Chine, il y a de quoi être très inquiet.
Cette carte illustre le potentiel de sécheresse entre 2030 et 2039, sur la base de projection des futures émissions de gaz à effet de serre. La carte utilise l’indice de gravité de la sécheresse de Palmer, qui attribue des nombres positifs lorsque les conditions sont anormalement humides et des nombres négatifs lorsque les conditions sont anormalement sèches. Une lecture de -4oC ou moins est considérée comme une sécheresse extrême. Les régions bleues ou vertes seront probablement moins exposées, tandis que celles du spectre rouge et violet pourraient être confrontées à une sécheresse plus inhabituelle.
Voici 2 autres illustrations qui montrent ce qui pourrait arriver autour de 2080, selon 2 hypothèses :
1ère HYPOTHÈSE : nous faisons rapidement des changements majeurs.
Concrètement ça signifie que nous passons d’une société où nous utilisons beaucoup trop d’énergies fossiles (essence, gaz naturel, mazout, charbon) à une société où nous avons collectivement réduit significativement notre consommation énergétique et où l’énergie utilisée est de sources renouvelables qui émettent très peu de GES, soit l’hydroélectricité, le solaire et l’éolien. Est-ce possible? Des scientifiques de l’Université de Stanford affirment que 139 pays (et nous en faisons partie) pourraient fonctionner uniquement avec les 3 énergies renouvelables que nous venons de mentionner. Notons que cette hypothèse exclut les changements en douceur, ce que la majorité d’entre-nous souhaiteraient. Quand la maison est en feu, il faut bouger rapidement !
2ième HYPOTHÈSE : on continue, on laisse faire, on fait les changements en douceur, on attend que les autres commencent.
Les changements climatiques actuels et futurs sont dus, en grande partie, aux émissions de gaz à effet serre tels que le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4), émis par l’extraction et la combustion des énergies fossiles, l’agriculture industrielle et la décomposition de nos déchets. Nous savons donc déjà que d’ici au moins 2040, nous assisterons à une répétition du scénario de ces 2 dernières décennies (les modèles climatiques prévoient des augmentations de température jusqu’en 2040); il nous faut comprendre que le climat est comme un gigantesque navire filant à grande vitesse et une fois la décision prise de changer de cap, ça prend du temps.
Prendre du temps, ou plutôt perdre du temps, c’est ce que nous faisons depuis plus de 30 ans,
- les scientifiques nous mettent en garde de l’urgence d’agir face aux désastres écologiques qui s’en viennent;
- les pays se réunissent, discutent de la question, tentent de faire un consensus, y arrivent parfois;
- ensuite ils ne font rien ou presque rien de sorte que les émissions de GES continuent à augmenter de façon exponentielle.
Les illustrations 3 et 4 démontrent clairement l’avantage de faire la transition énergétique:
L’illustration 3 « CO2 emissions peak by 2020 and drop to zero by 2080 » montre que si nous choisissons d’agir rapidement et en faisant des changements majeurs, la température moyenne à la surface de notre planète n’augmentera que de peu d’ici 2080, à l’exception de l’Arctique.
L’illustration 4 « CO2 emissions triple by 2080 » est celle du laisser-aller, du laisser-faire, bref de continuer à consommer de plus en plus d’énergies fossiles. Comme l’indique cette illustration, l’augmentation de la température des océans se situera autour de +2o à 4o Celsius alors que celle des continents sera entre +5o et 6o Celsius. Dans une telle hypothèse, les catastrophes climatiques seront d’une ampleur qu’il nous est difficile d’imaginer. Beaucoup de régions du globe ne seront tout simplement plus habitables tant à cause des températures trop élevées, des sécheresses ou des inondations et de la hausse du niveau des océans. En outre, ceci entraînera une augmentation exponentielle des réfugiés climatiques.
2. CE QUE NOUS NE SAVONS PAS ENCORE PARFAITEMENT, MAIS QUI MODIFIERA LE CLIMAT QUE NOUS CONNAÎTRONS EN 2050
Auparavant (autour des années 2000) le GIEC émettait l’hypothèse que le basculement du climat vers un point de rupture ou de non-retour se situait autour d’une augmentation de la température moyenne à la surface du globe de l’ordre de 5o Celsius par rapport à ce qu’elle était au début de l’ère préindustrielle. Depuis, les experts du GIEC pense que ce point de non-retour pourrait survenir dès que nous atteindrons un réchauffement se situant entre 1,5o et 2o Celsius. Un point de non-retour signifierait qu’il faudrait des centaines ou milliers d’années pour revenir aux conditions climatiques actuelles. Concrètement en termes de date, l’atteinte de ce point de non-retour pourrait arriver aussitôt qu’en 2030 selon le GIEC. Dans les pages suivantes nous aborderons 2 grands phénomènes qui pourraient nous amener vers un point de non-retour ou de bascule, soit les feux de forêt et la fonte de l’Arctique.
2.1 QUEL SERA L’IMPACTE DES FEUX DE FORÊT?
En novembre 2019, la NASA dévoilait une nouvelle étude montrant que l’atmosphère au-dessus de la forêt tropicale amazonienne s’est asséchée au cours des 20 dernières années.3 L’augmentation de la concentration des GES qui est responsable d’environ la moitié de cet assèchement; l’autre partie s’explique par les nombreuses coupes forestières et feux de forêt allumés pour faire place à l’agriculture et à l’élevage. Quand on sait que la forêt tropicale amazonienne absorbe des milliards de tonnes de CO2, la possibilité que celle-ci ne puisse plus jouer aussi efficacement son rôle dans la captation et la séquestration de ce gaz aurait un impact majeur sur le réchauffement du climat.
Ajoutons à ceci les feux de forêt ou de broussaille de plus en plus nombreux et intenses dans des régions comme l’Australie, la Californie et ailleurs qui émettent déjà des quantités gigantesques de CO2 dans l’atmosphère.
Ces feux sont directement causés par les sécheresses dues aux changements climatiques. En plus toutes ces forêts brûlées ne jouent plus leur rôle de captation de CO2, ce qui entraîne également un réchauffement du climat. En effet, certains scientifiques pensent que dans le cas de l’Australie, il faudra jusqu’à 100 ans pour que tout le CO2 émis lors de ces feux soit de nouveau capté par la nouvelle végétation qui remplacera celle brûlée. Et ceci dépendra des conditions climatiques qui seront, ou non, propices à la régénération de celle-ci. Des conditions de grande sécheresse ne rendraient celle-ci que partiellement possible. Nous sommes dans un « cercle vicieux » avec des impacts en chaîne. L’illustration 5 montre l’impact du réchauffement climatique sur des régions qui deviennent de plus en plus sèches. Chaque élément, en suivant les aiguilles d’une montre, un impact sur le suivant. Puis le cycle recommence de façon amplifiée.
2.2 QUEL SERA L’IMPACTE DE LA FONTE DES GLACES ET DU DEGEL DU PERGELISOL EN ANTARTIQUE?
Pendant que des groupes de scientifiques étudient le phénomène des sécheresses, d’autres groupes se penchent depuis des années sur le réchauffement de l’Arctique et ses conséquences éventuelles sur le climat de l’hémisphère nord et de l’ensemble de la planète. Il est clair qu’au niveau de l’Arctique nous avons déjà atteint un point de bascule ou de non-retour. Essayons de comprendre ceci : la surface des glaces ou de la neige réfléchissent de 80 à 90% les rayons du soleil, c’est le phénomène de l’albédo. Comparativement, l’eau non gelée de l’océan Arctique n’en réfléchit qu’environ 6% à 10%. L’océan libre de glace absorbe beaucoup plus de chaleur et fera fondre encore plus vite la banquise et libérera encore plus d’eau qui à son tour absorbera plus de chaleur. C’est ce qui est appelé un effet de ‘rétroaction positive’, qui dans ce cas a un effet négatif sur le climat en le déréglant plus rapidement.
La banquise est la couche de glace existant à la surface de l’eau. Il y a encore quelques décennies, la banquise permanente couvrait la plus grande partie de l’océan arctique en été. Cependant sa surface se réduit en raison du réchauffement climatique qui est 2 à 3 fois plus rapide dans cette région que dans le reste du monde. L’ONU prévoit qu’en 2080 son réchauffement sera de 5o à 7o Celsius plus élevé, comparativement à la période 1986-2005. La banquise est en diminution de surface, mais l’épaisseur de la glace est également réduite d’année en année, ce qui la fragilise encore plus. Les scientifiques mentionnent qu’en été, l’océan Arctique ne sera plus recouvert de sa banquise.
En plus de la banquise qui fond en saison estivale, se trouve en Arctique sur la terre ferme des sols gelés en permanence, parfois depuis des millénaires, c’est ce qui est appelé le pergélisol. Près de 50% de la surface du Canada est dotée d’une sous-couche de pergélisol. Même chose pour le nord de la Russie. Cette partie gelée renferme une grande quantité de matière organique qui se décompose très lentement. En se réchauffant, le pergélisol relâche de grandes quantités de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, ce qui pourrait alimenter encore plus le réchauffement de notre planète.
À l’échelle mondiale, ces sols gelés séquestrent environ 1 672 milliards de tonnes de carbone.
Cette quantité de carbone stockée dans le pergélisol est supérieure à tout le carbone que nos activités ont déjà libéré par la combustion des combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon…).5 L’illustration 7 montre l’impact du réchauffement sur l’Arctique. Chaque élément, en suivant les aiguilles d’une montre, a un impact sur le suivant. Pire, à la fin de cette séquence d’éléments, tout recommence de façon amplifiée.
2.3 L’AUSTRALIE NOUS MONTRE L’AMPLITUDE DES DESASTRES QUE DE NOMBREUX PAYS CONNAITRONS AVANT 2050
Ce pays fait partie des régions du globe qui deviennent de plus en plus sèches à cause des changements climatiques. De septembre 2019 à janvier 2020, l’Australie a été dévastée par des immenses feux de forêt. Les estimations actuelles sont de l’ordre de 160 000 à 186 000 km carrés, soit plus que toutes ces régions suivantes du Québec réunies : Montérégie, Estrie. Chaudière-Appalaches, Laurentides, Lanaudière et Outaouais. Les scientifiques estiment qu’environ 1 milliard d’animaux sont morts dans ces incendies.
2019 fut, pour ce pays, l’année la plus chaude observée depuis que ces données sont recueillies. Les 6 journées les plus chaudes, ayant été enregistrées en Australie, sont toutes en décembre 2019. Le 18 décembre 2019, la moyenne nationale des températures maximales mesurée, à travers ce pays, a été de 41,9°C et a atteint jusqu’à 49,9°C dans certaines parties du sud de l’Australie.
Sur Twitter on pouvait lire des messages comme celui-ci (traduit en français ) De Martine Maron, applied ecologist @ The University of Queensland, 20 décembre 2019.
« 48.9 degrés Celcius sur la ferme hier. Les perroquets, tombent morts des arbres. Les personnes et les animaux sauvages ne peuvent pas résister aux températures extrêmes que nous connaissons déjà. »
Ces incendies ont provoqué des émissions massives de CO2. Selon Rob Jackson, professeur à la Earth system science de l’Université de Stanford, cité par The Guardian Australia, jusqu’à 1 000 millions de tonnes de CO26 pourraient avoir été émises par ces feux du début à leur fin. Si c’était le cas, cette quantité correspondrait à celle rejetée par toute l’Australie (excluant ces incendies) en près de 2 ans. Mais à long terme, l’absence des forêts disparues et ne pouvant plus absorber le CO2 est tout aussi problématique.
Les impacts sur la santé humaine sont aussi importants compte tenu de la très mauvaise qualité de l’air sur une période de plusieurs semaines. Ainsi Sydney, l’une des plus grandes villes d’Australie a été confrontée, pendant des semaines, à une situation d’urgence de santé publique en raison des fumées toxiques liées aux incendies qui enveloppent la ville. La fumée provenant des incendies a entraîné une pollution de l’air jusqu’à onze fois supérieure à un niveau estimé dangereux dans certaines parties de la ville et de la Nouvelle-Galles-du-Sud.
Une grande partie de la population du pays a été incommodée par ce smog, principalement les jeunes enfants qui sont plus exposés aux affections respiratoires causées par l’exposition à la fumée. Quant aux patients âgés, les asthmatiques et les personnes souffrant d’autres problèmes respiratoires, les conséquences furent également majeures allant jusqu’au décès.
Au niveau psychologique, on ne peut sous-estimer les impacts à court, moyen et long termes, tel l’écoanxité causée non seulement par la fumée, mais également par la menace que de nombreuses personnes ont ressentie pour leur vie. Enfin, il a de nombreuses d’autres conséquences humaines et financières que la société a subies dans son entier, impacts qui vont prendre de nombreuses années à se résorber.
EST-CE QU’ON POUVA PRÉVOIR CECI?
Michael Man, climatologue, professeur en sciences atmosphériques à l’Université de Penn State, mentionne dans une entrevue à Sydney, le 10 janvier 2020 « Les scientifiques du climat disent qu’il y a un lien clair entre le changement climatique et l’extrême sécheresse et les températures élevées qui contribuent à alimenter les incendies mortels. Il y a un rapport scientifique d’évaluation du climat, réalisé en Australie, je crois, en 2007, où les scientifiques prédisaient qu’en 2020, si on continue à réchauffer la planète en émettant du carbone (GES) dans l’atmosphère, il y aurait une hausse notable des feux de broussailles dans les régions subtropicales telles l’Australie et la Californie. »
COMMENT L’AUSTRALIE E EST-ELLE ARRIVÉE LÀ?
Mentionnons que le réchauffement climatique est mondial et que nous ne pouvons imputer à l’Australie la totale responsabilité de ce désastre. Ceci dit, le gouvernement de l’Australie fait tout pour bloquer les accords sur le climat. À la dernière rencontre (appelée COP25) des Nations Unies à Madrid en décembre 2019, l’Australie a encore été pointée du doigt pour son blocage systématique des négociations en faisant des propositions inacceptables pour la majorité des pays présents. En décembre 2019, les résultats du « 2020 Climate Change Performance Index » étaient rendus public. Cet index analyse les performances de 61 pays en se basant sur 4 facteurs soit les émissions de gaz à effet de serre, la consommation énergétique, l’utilisation des énergies renouvelables et enfin les politiques environnementales. Selon cet index, l’Australie se situe au 56e rang des 61 pays analysés.
Notons que l’Australie est le plus grand exportateur tant de charbon (38% des exportations mondiales), que de gaz naturel liquéfié. Et depuis 1996, les Australiens élisent des gouvernements conservateurs qui misent sur l’exportation des énergies fossiles émettant beaucoup de GES.
Rod Bower (prêtre anglican, mari, père et grand-père), le 22 décembre 2019 résumait ainsi sur Twitter la situation. « Quand pour nos intérêts financiers à court terme nous vendons l’avenir de nos enfants et regardons confortablement la planète brûler… »
2.4 SOMMES-NOUS DIFFERENTS DES AUSTRALIENS?
Nous pourrions penser que nous sommes très différents des Australiens, mais est-ce vrai?
- Le « 2020 Climate Change Performance Index » situe le Canada au 55e rang, tout juste devant l’Australie (les États-Unis sont au 61e et dernier rang);
- De tous les pays, les Australiens sont ceux qui ont les plus grosses maisons, ceci tout juste devant les Américains et les Canadiens;
- L’Australie, les E.-U. et le Canada sont les 3 pays où les véhicules individuels et familiaux sont les plus gros;
- Comme les Australiens et les Américains, nous élisons des gouvernements pour lesquels l’environnement n’est pas la priorité, tout au moins dans les décisions et les actions, et qui sont en faveur de l’accroissement de la production d’énergies fossiles. En Australie, ils ont élu un gouvernement qui veut accroître l’exportation du charbon et du gaz naturel. Nous avons élu au fédéral Justin Trudeau qui a même acheté un oléoduc pour permettre à l’Alberta de produire et d’exporter plus de pétrole. Au Québec, nous avons élu un gouvernement qui, jusqu’à preuve du contraire, est favorable au projet GNL Québec.
Nous vivons à peu près les mêmes contradictions idéologiques que les Australiens en ce qui concerne la lutte aux changements climatiques. Un sondage réalisé en novembre 2019 en Australie,
soit avant les plus gros incendies de broussailles et de forêts, révèle que près des deux tiers des Australiens pensent que le pays est confronté à une urgence climatique et que le gouvernement devrait mobiliser l’ensemble de la société pour s’attaquer au problème comme il l’a fait pendant les guerres mondiales. Quelle contradiction ! Ils ont élu en mai 2019 un gouvernement qui nie les changements climatiques et dont le programme est de produire plus de charbon et de gaz, ce qui va avoir encore plus d’impact sur le climat.
Quand on demande aux Australiens quelle priorité parmi les 3 suivantes devrait être la priorité du gouvernement, voici les résultats obtenu : 38% : réduire les émissions de GES; 47% : réduire la facture d’énergie des ménages; 15% : réduire le nombre de pannes électriques. Bref seulement 38% des ménages priorisent la réduction des GES.
Il est clair que les Australiens :
- sont conscients de l’urgence climatique et de la nécessité de s’attaquer à ce problème;
- disent que l’environnement naturel est l’un des attributs qu’ils apprécient le plus de leur pays;
- mais quand vient le moment des choix concrets, la majorité choisissent le côté argent et confort.
L’exemple de l’Australie et l’atteinte de points de non-retour doivent nous inquiéter, mais surtout nous inciter à faire les changements majeurs que nous devons faire.